Analyser toujours plus loin !

« C’est bon, on a vu toutes les contraintes. »
Phrase entendue cette semaine, au bout de 15 minutes, dans un groupe d’étudiants en kiné.

C’est un exercice exigeant pour 1h30 pour gratter la surface de l’activité, avec possibilité de poser des questions à l’opérateur (moi dans son rôle). Mon but lors de ce TD est de montrer que l’analyse de l’activité est un puit presque sans fond, on peut toujours aller un peu plus loin.

Il y a les contraintes que l’on voit, et toutes celles qu’on ne voit pas encore.
- Celles du corps, bien sûr — postures, efforts, gestes, fatigue.
- Mais aussi celles de la tête — charge mentale, rythme, pression, interruptions.
- Celles de l’organisation — flux, horaires, matériel, coordination, coactivité.
- Celles de l’environnement — température, lumière, bruit, poussière.
- Et les contraintes plus subtiles, les différents niveaux d’expertise, les relations, des différences de savoir-faire, des marges de manœuvre, les communications, le rangement, les horaires de travail, ou sont-ils, l’organisation de la journée, etc etc.

L’observation, c’est justement ça : aller au-delà de ce qui saute aux yeux.
C’est gratter, questionner, comprendre les interactions entre les contraintes.
Parce qu’en ergonomie, ce n’est jamais une seule contrainte qui pose problème,
c’est leur combinaison.
Et le plus long n’est d’ailleurs pas d’identifier les contraintes, mais ensuite de les mettre en relations entre elles. (Le collègue qui découpe un tuyau à 5 cm de la jambe de son collègue, dans un lieu de passage, parce que c’est le bazar partout, mais ils sont pressés pour être en week-end plus tôt, dans un environnement à 5° avec de la poussière et pas de lumière, dans un champs sans réseau, on peut s'amuser sur ce genre d'analyse).

Et souvent, c’est quand on pense avoir tout vu… qu’il reste encore l’essentiel à comprendre.

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